Le journalisme dans la toile d’Internet

Les attentes du public

En théorie, le dessein du journalisme est clair : faire parvenir l’information à ceux qui veulent la recevoir. A l’origine, l’information était brute, décortiquée, l’objectif était souvent d’en dire le plus possible sur un format exigu. Avec le temps, le principe semblent s’inverser : Plus d’espace, pour de moins en moins de contenu.

L’évolution des médias informatifs a habitué l’utilisateur a une information de plus en plus « digeste ». La radio prend des tons avenants, la télévision invite l’œil à zapper dès qu’il s’ennuie. Dans la presse écrite, les formats ont diminué ; Illustrations et photographies foisonnent. On multiplie les encadrés. Tout cela pour conserver l’attention d’un lecteur devenu volage. Le but n’est plus tant d’informer que d’être lu. Même Le Monde est passé de blocs de texte assez indigestes à une maquette plus espacée, et illustrée.

L’objectif des médias généralistes n’est plus d’informer leur public, mais de l’élargir, toujours plus. D’où un débat plus que tendancieux dans les rédactions : qu’est ce que l’utilisateur veut ? On se demande autant quelle est l’importance des informations à transmettre, que de savoir si le public veut en prendre connaissance, et comment ? Or, par définition, le public, dès qu’il est constitué d’un nombre important, a des attentes multiples, voire contradictoires. A trop vouloir augmenter son auditoire, on finit par ne plus contenter personne.

Entre l’assujettissement du journaliste à des intérêts financiers, et une information diluée à force de vouloir contenter tout le monde, les médias perdent la confiance du public. Le journalisme perd en qualité ce qu’il gagne en « esthétisme ». Ergonomique, en quelque sorte, l’information ! Le journaliste rabote les angles, jusqu’à perdre tout relief.

« Un Français sur deux ne fait pas confiance aux médias. »

Un Français sur deux dit ne pas faire confiance aux médias1Selon un sondage TNS-Sofres publié le 14 février 2007 dans La Croix : Baromètre de confiance dans les média 2007. Un chiffre édifiant qui traduit bien le fait que le journaliste n’est plus considéré comme la voix de la vérité. Les récentes Assises du journalisme, à Lille, ont largement soulevé le problème2L’appel des Assises du journalisme. Intitulées « Un monde sans journalistes ? », elles ont montré s’il était besoin la nécessité de redéfinir et de réhabiliter une profession en déclin. Il y était abordé le fait que le journaliste doit revenir à ce qui fait sa spécificité par rapport à tout autre citoyen : sa capacité à partir sur le terrain et à effectuer un reportage ; et celle encore plus importante sans doute à produire une analyse des faits, plutôt que de les retranscrire comme une matière brute en réécrivant des brèves de l’Agence France Presse.

Moins d’analyse, moins de reportage… En somme, moins de valeur ajoutée : Il n’est guère étonnant dès lors que le public trouve à se contenter des journaux gratuits qui foisonnent aujourd’hui. Apparue en France en 2002, financée entièrement par le biais de la publicité, c’est une presse dont l’information est « servie » sans compléments. Un format finalement idéal pour un lecteur qui n’a plus le temps pour la réflexion. On zappe désormais dans un 20 Minutes comme on le ferait dans un journal télévisé.

18,6 millions d’exemplaires de quotidiens gratuits ont été diffusés en Europe en 2005. En Espagne, la presse quotidienne gratuite représente jusqu’à 51% du marché3Selon une déclaration de juin 2006 de l’Association Mondiale des Journaux (AMJ) : Tendances mondiales de la presse : diffusion et publicité en hausse. Voir aussi : La croissance des journaux défie les idées reçues, Paris, 6 février 2007, AMJ.. Il y a fort à parier que cette presse est destinée à remplacer la majorité des titres de presse quotidienne payante à terme. Le titre MatinPlus, collaboration entre le groupe Bolloré et Le Monde, illustre le transfert qui s’opère d’ores et déjà vers le gratuit. Avec comme espoir que plus cette presse prendra des parts de marché, plus elle pourra gagner en qualité.

[Suite : La révolution du média Internet]

2 thoughts on “Le journalisme dans la toile d’Internet

  1. C’est bien l’ennui avec la presse, elle ne s’affaire que pour sa survie et ne voit pas qu’ainsi elle agonise à petit feu.
    L’acceptation résignée ne mène à rien de vivant.

    Adieu la presse.

  2. La presse se porte très mal aujourd’hui financièrement. Et si elle tient à jouir de sa liberté d’expression, il faut impérativement de l’argent dans les caisses. Sans argent le choix n’est pas toujours possible. Maintenant on peut bien évidemment s’interroger sur certaines décisions prises par la presse pour survivre.

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