Le journalisme dans la toile d’Internet

Tout le monde est journaliste ?

Une expression fait fureur en ce moment : le Web 2.0. Il repose sur un principe simple : l’utilisation des dernières techniques dites de syndication1Fait de rapatrier les informations d’autres sites web sur une même page pour grouper sur des portails les pages préférées des utilisateurs. En vérité, rien de nouveau ici, si ce n’est un coup marketing pour lancer quelques sites comme del.icio.us. Non seulement cette idée n’est pas neuve (le principe du portail agrégatif est vieux comme le net), mais les technologies pour le faire existent depuis longtemps. La seule supposée innovation du Web 2.0 consiste à dire que c’est l’utilisateur qui participe à l’élaboration de ce portail en « notant » un article, qui devient plus ou moins visible en fonction de sa popularité.

Néanmoins, avec l’émergence de l’Internet et la facilité d’accès de ses outils de publication en ligne, tout un chacun peut désormais s’improviser analyste, ou reporter. Pour Florence Devouard, présidente de la Wikimedia Foundation, « par ce biais nous pouvons tous passer du statut de lecteur à celui de rédacteur, de commentateur des évènements »2L’interview de Florence Devouard par Ariane Beky, 02.05.2005.

« En offrant des plates-formes techniques accessibles à tous, les blogs et wikis autorisent ce que nous appelons le ‘journalisme citoyen’, par ce biais nous pouvons tous passer du statut de lecteur à celui de rédacteur, de commentateur des évènements. » Florence Devouard, présidente de la Wikimedia Foundation

C’est après le 26 décembre 2004, lorsqu’un tsunami dévaste l’Indonésie et les côtes du Sri Lanka et du sud de l’Inde, que les journalistes prennent vraiment conscience du potentiel représenté par le blog3Le blog est un site internet interfacé avec une base de donnée. C’est ce qu’on appelle un site internet dynamique, c’est à dire que sans toucher au « code » de la page (le HTML), on peut changer le contenu de cette page. A travers une interface simplifiée, les sites offrant ce type de service propose à l’utilisateur de poster, au travers d’une page personnalisée, des billets, qui sont ensuite classés par date, et éventuellement par thème. C’est ce qui vaut au blog d’être considéré comme un journal intime, même si son emploi a pu être dévoyé depuis. pour la profession. On peut en effet y voir apparaître des informations que les réseaux classiques peinent à relayer. Les premiers témoignages sont ainsi recueillis sur les blogs de personnes victimes des ravages de la vague.

De même, la deuxième guerre en Irak voit naître un nombre incalculable d’articles protestant contre l’intervention américaine. Les blogs redeviennent pour les journalistes une source d’informations importante, puisque des Irakiens se mettent à raconter les combats et l’occupation, directement sur leur page personnelle.

On s’aperçoit que les blogs ne sont pas seulement des sites réservés à l’entourage direct du webmestre en herbe. La « blogosphère » existe en fait depuis quelque temps déjà, et on peut y trouver nombre de personnes pour, notamment, proposer des analyses de l’actualité, analyses effectuées en marge de toute censure qui pourrait s’exercer vis à vis des journalistes. C’est une caisse de résonance en temps réel de l’actualité ; une forme de journalisme citoyen4Le journalisme citoyen sur Wikipédia qui se développe, fait de commentaires de l’information.

Une autre évolution technologique va produire une nouvelle source d’information, allant jusqu’à concurrencer le travail du journaliste encarté. L’essor de la photo et de la vidéo numérique, si il a réduit les temps de traitement d’une photographie pour la profession, a aussi mis à la portée de tout un chacun la réalisation de clichés pouvant être considérés comme intéressants pour les médias… Il n’y a pas si longtemps, les photographes se rendaient encore à l’aéroport avec leurs pellicules argentiques.

Comme pour les blogs, ce type de clichés et de vidéos va prendre comme base de son expansion un élément marquant de l’actualité : le 11 septembre 2001. Bouleversant le monde entier, cet événement va nécessiter des images. Les rédactions vont partir à la chasse de la moindre photo de particulier durant les évènements. On voit ainsi dans des médias comme Paris Match, réputé pour la qualité de ses photographies, apparaître des photos pixellisées, mais seules illustrations d’une actualité marquante. On est loin du temps où Roger Thérond, ancien directeur de la rédaction de Match resté l’un de ses symboles, passait des heures à regarder et choisir des photos. Pas une vidéo amateur n’échappera au crible des journaux télévisés et des agences de presse en recherche d’images, et négociant la moindre seconde à prix d’or.

Depuis, quelques agences ont même capitalisé sur l’appétence du grand public à se prendre pour un grand reporter ou un paparazzi. Elles proposent au citoyen lambda de mettre leur production à disposition des professionnels, cela contre rémunération, évidemment.

[Suite : Un média à apprivoiser]

2 thoughts on “Le journalisme dans la toile d’Internet

  1. C’est bien l’ennui avec la presse, elle ne s’affaire que pour sa survie et ne voit pas qu’ainsi elle agonise à petit feu.
    L’acceptation résignée ne mène à rien de vivant.

    Adieu la presse.

  2. La presse se porte très mal aujourd’hui financièrement. Et si elle tient à jouir de sa liberté d’expression, il faut impérativement de l’argent dans les caisses. Sans argent le choix n’est pas toujours possible. Maintenant on peut bien évidemment s’interroger sur certaines décisions prises par la presse pour survivre.

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